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Ma mère a mis le contact, les pneus de la Clio ont crissé, et nous avons quitté les lieux dans un nuage de poussière.

De retour chez tante Maude, j’ai passé l’après-midi avachi sur le fauteuil du salon. Les odeurs potagères avaient repris l’assaut de mes narines, et l’horloge de grand-mère (dong !) s’en donnait plus que jamais à cœur joie, mais j’ai supporté tout cela vaillamment. Il est sage comme une image, notre Auréliounet, j’ai même cru entendre la tante Maude remarquer.

Le soir venu, j’ai expédié le souper, j’ai grommelé un vague ’vais m’coucher, bonne nuit et je suis monté dans ma chambre.

À présent j’étais allongé tout habillé sur le lit. Ma montre indiquait presque onze heures, et si j’avais toujours les deux yeux bien ouverts, ce n’était pas l’inconfort du matelas avachi qui en était la cause.

J’avais peut-être l’air sage comme une image, mais sous mon crâne, c’était depuis le début de l’après-midi l’effervescence des grands jours.

Le type du cimetière m’intriguait, et je ne savais que faire de sa proposition. Des morts qui marchent et qui parlent ? Qu’est-ce qu’il voulait dire exactement ?

Une partie de moi me criait que le principal intéressé n’en savait rien lui-même. Qu’il avait juste un bon petit paquet d’araignées au plafond, et que la meilleure des choses à faire, c’était d’oublier l’olibrius au plus vite et de prier pour que ce fichu séjour au royaume de l’ennui et du chou cuit se termine au plus vite.

Une autre partie de moi, en revanche, me poussait à tenter l’aventure tête baissée, sans me poser la moindre question.

Pourquoi ? Vous comprendrez mieux si je vous avoue quelque chose : tous les ans à l’approche d’Halloween, j’entre dans un état surhumain, comme si on venait de me brancher sur un pylône à haute tension. Mes cinq sens s’aiguisent de façon spectaculaire – c’est l’impression que j’ai en tout cas –, et des picotements brûlants viennent par vagues me traverser l’échine. Les symptômes font leur apparition juste avant la date fatidique et disparaissent comme par enchantement dès le lendemain des festivités, le premier novembre. C’est bizarre, mais c’est comme ça, et cela dure depuis aussi longtemps que je m’en souvienne.

Ce dernier Halloween, aussi raté qu’il ait été, n’avait pas fait exception à la règle, mais la nouveauté, c’est que ces dits symptômes non seulement ne s’étaient pas complètement évanouis avec mes derniers espoirs d’une célébration digne de ce nom, mais ils étaient revenus en force dès ma rencontre avec le drôle de type. Dans l’état d’excitation quasi second où je me trouvais à présent, une petite voix me criait donc aussi fort qu’elle le pouvait : Ne laisse pas passer ta chance, triple idiot !

Que fallait-il choisir ? Je n’en savais strictement rien.

Je me suis levé et j’ai fait les cent pas dans ma chambre. J’ai regardé ma montre : il était onze heures passées. Trop tard pour le rendez-vous de toute façon.

J’allais me résoudre à l’option pyjama et oreiller, mais quelque chose m’a poussé à jeter un œil par la fenêtre.

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(C) 2015-16 Jérémie Cassiopée

Illustration: Marzena Pereida Piwowar

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