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J’ai passé le plus clair de l’après-midi qui a suivi à me morfondre avachi dans le fauteuil du salon, tandis que la tante Maude, infatigable, s’acharnait entre deux tasses de thé à régaler ma mère de son assortiment incontournable de potins réchauffés et de platitudes affligeantes.

Je me sentais pris au piège, condamné à supporter non seulement les scènes de chasse à courre de l’ignoble tapisserie de la pièce, mais également les dong irritants de la pendule à balancier qui se dressait dans un coin comme un gardien de prison.

J’ai bien essayé la télévision, mais, comble de malchance, il n’y avait qu’une chaîne qui fonctionnait. Je suis tombé sur Les Feux de l’Amour, et j’ai éteint le poste aussi sec.

Sur les étagères, les poupées folkloriques et les figurines kitsch en plâtre verni me regardaient d’un œil stupide : je me suis retenu pour ne pas hurler.

Le repas du soir n’a rien fait pour me remonter le moral. J’ai été mis face à une assiette de boudin aux épinards, et je vous laisse deviner tout le bien que j’en ai pensé. Pour arroser le tout, Tante Maude m’a comme de bien entendu posé les deux questions qui reviennent inévitablement dans toute réunion familiale digne de ce nom : Comment ça va à l’école ? et Tu veux faire quoi quand tu seras grand ?

Devant mon mutisme, ma mère a répondu pour moi, assurant à tante Maude que je ne prenais rien au sérieux, et qu’au train où allaient les choses, je finirais à dormir sous les ponts, et patati et patata. Tante Maude écoutait en opinant du bonnet, profitant du moment où ma mère reprenait son souffle pour placer à mon attention un Ta maman a raison, mon canard ou un Enfin Auréliounet ! Il faut travailler dans la vie.

Cerise sur le gâteau, Fernand, un gaillard édenté qui se trouvait être le voisin de tante Maude, avait été invité pour le souper. Au moment du dessert, il a fini par se lâcher, débitant sans que personne ne puisse l’arrêter le plus grand nombre d’âneries que j’aie jamais entendues en si peu de temps. J’ai appris par exemple que s’il ne s’étirait jamais, c’était parce qu’il était trop costaud et qu’il avait peur d’un déchirement musculaire.

Captivant, non ?

Dire qu’à cette minute même, j’aurais pu être en train de fêter Halloween avec tous mes potes…

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Tous droits réservés
(C) 2015-16 Jérémie Cassiopée

Illustration: Marzena Pereida Piwowar

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