RÉCITS FANTASTIQUES GRATUITS

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Vous êtes encore là ? Bravo. Vous devez sans doute vous attendre à ce que la partie la plus saisissante de mon récit se termine là, avec la conclusion que vous connaissez déjà : la scène du lampadaire devant le cimetière, le père de famille qui tente de me porter secours et ma retraite précipitée vers la douceur du bercail. Détrompez-vous, les amis. Le plus fort était encore à venir…

Cette nuit-là, pour la première fois depuis bien longtemps, je n’ai pas fermé l’œil une seule seconde. Je me brassais et me tournais sans cesse, insensible aux protestations de mon sommier fatigué. Dans mon échine, les picotements avaient repris, plus intenses que jamais, comme si je m’étais couché sur une colonne de fourmis rouges, et j’avais le cerveau en ébullition. Qu’est-ce que j’avais vu exactement ? Qu’est-ce que cela signifiait ? Et pourquoi cela m’était-il arrivé à moi ? Les mêmes questions revenaient sans cesse dans ma tête enfiévrée, et les seules réponses que je pouvais y apporter me plongeaient dans un état proche de la folie.

Vers six heures du matin, n’y tenant plus, j’ai bondi du lit et je suis descendu dans la cuisine. Un petit déjeuner me ferait certainement du bien et m’occuperait, sinon l’esprit, tout du moins les mâchoires. Je pensais trouver la pièce vide, mais une surprise de taille – encore une, me direz-vous – m’attendait de pied ferme.

La tante Maude était assise à un bout de la table, occupée à siroter l’un de ses thés favoris. Elle avait préparé un plateau qui ne semblait plus attendre que moi. Elle m’a désigné la chaise vide en face d’elle et je me suis assis, interloqué.

– Alors Aurélien, tu as passé une bonne nuit ? a-t-elle demandé entre deux gorgées.

Il y avait quelque chose de changé en elle, je l’ai senti immédiatement. Cela ne venait pas de la couleur différente de sa robe de chambre à fleurs, ni encore moins des bigoudis fichés sur sa tête à la place de sa sempiternelle coiffe de nuit à élastique. Non. C’était autre chose, quelque chose de plus subtil. J’ai marqué un temps avant de réaliser : elle avait abandonné son ton infantilisant pour me parler – si, si – comme à un adulte.

Je n’ai pas su quoi répondre, alors j’ai simplement croassé un :

– Tu… tu es déjà levée ?

– Je sais où tu étais la nuit dernière, a-t-elle annoncé. Et je sais aussi ce que tu as fait.

La tante Maude m’aurait fichu un grand coup sur la tête avec l’une de ses poêles à frire que l’effet n’aurait pas été plus violent.

– Par… pardon ?

– J’ai vu Childéric Zac t’aborder hier après-midi, quand on sortait du cimetière. J’ai fait celle qui ne savait rien, bien sûr. J’attendais de voir comment tu réagirais. À présent, je peux te révéler que la proposition qu’il t’a faite, il me l’avait faite avant toi.

Il y a des moments dans la vie où il faut savoir se taire, dit souvent ma mère. Pour une fois, elle avait raison : l’un de ces fameux moments critiques me tombait dessus sans avertissement. Je me suis donc abstenu de tout commentaire, et la tante Maude a continué :

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Tous droits réservés
(C) 2015-16 Jérémie Cassiopée

Illustration: Marzena Pereida Piwowar

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