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Plongé dans mes réflexions, je n’ai pas entendu ma mère entrer dans ma chambre. Elle avait fait irruption sans frapper, et j’ai su immédiatement que quelque chose ne tournait pas rond. Elle brandissait un papier dans son poing crispé et son visage avait pris la couleur d’une de mes citrouilles bien aimées.

– Aurélien ! a-t-elle hurlé. Qu’est-ce que tu as fait encore ?

J’ai louché vers la lettre que ma mère agitait sous mon nez, et j’ai fini par comprendre de quoi il s’agissait. Aïe ! Aïe ! C’était une convocation envoyée par mon collège : j’étais collé le mercredi de la rentrée.

Je l’avais complètement oublié, cet épisode, ou plutôt, je ne pensais pas que cela irait beaucoup plus loin que la remontée de bretelles à laquelle j’avais déjà eu droit. Je vous raconte en quelques mots :

C’était juste avant les vacances, à la fin du cours de science. J’étais resté en arrière et j’avais trouvé très amusant de faire jouer un petit rôle à Oscar, le squelette en plastique grandeur nature que le prof utilise quelquefois pour ses démonstrations. Je l’avais traîné depuis le fond de la classe jusque devant le bureau, puis je l’avais affublé d’une paire de lunettes de carnaval avant de lui coller sur la tête une vieille serpillière en guise de tignasse. Avec ces accessoires, il ressemblait à s’y méprendre à Mortvivant, notre cher sous-directeur tant redouté.

Cela avait bien fait rigoler les copains. Dommage que Mortvivant justement – le vrai, en chair et surtout en os – soit passé par là au même moment. Ça avait drôlement bardé pour mon matricule…

Voilà pour les explications.

Ma mère, donc, agitait frénétiquement cette malheureuse convocation sous mes narines :

– Tu crois que je vais supporter ça encore longtemps ? C’est à chaque fois les mêmes problèmes. À chaque fois !

J’ai marqué un temps d’arrêt, puis j’ai compris ce qu’elle voulait dire… L’année précédente à la même époque, une petite mise en scène de mon invention (qui faisait intervenir un accessoire en latex et un bon demi-litre de faux sang) avait provoqué l’évanouissement de ma prof d’arts plastiques : elle croyait que je m’étais ouvert la main jusqu’à l’os avec l’un de ses cutters. L’année d’avant, ma première année de collège, j’avais suscité une panique générale dans les vestiaires des filles du gymnase en y jetant par la porte ouverte une boîte pleine d’araignées (des minuscules pourtant, et la moitié était en plastique).

– Mais maman, ce n’est pas ma faute, je me suis entendu répondre.

– C’est de la mienne peut-être ? Ne te moque pas de moi, hein !

Elle a enfoui la convocation dans l’une de ses poches, a jeté un coup d’œil réprobateur autour d’elle – surchargée de chauves-souris factices pendues au plafond et de posters de zombies, ma chambre était méconnaissable – puis, me fixant avec un air qui ne promettait rien de bon, elle a prononcé cette sentence assassine :

– Cette fois-ci, tu n’y coupes pas pour une punition exemplaire. Tu es privé de sortie jusqu’à nouvel ordre. Et cela vaut également pour ta sacro-sainte fête d’Halloween. À la place, tu viendras avec moi chez tante Maude...

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(C) 2015-16 Jérémie Cassiopée

Illustration: Marzena Pereida Piwowar

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