Je suis resté un long moment blotti dans la lumière crue de l’unique lampadaire du village, la vision brouillée et frissonnant de peur.

Je devais continuer de hurler je crois, car les volets du haut dans la maison d’en face se sont ouverts en claquant et la silhouette d’un homme s’est agitée dans l’encadrement de la fenêtre, le poing levé dans ma direction :

– Alors, vous allez bientôt l’arrêter ce boucan, oui ?

Quand il a vu que j’étais seul et que je n’étais qu’un gosse, il s’est radouci aussitôt :

– Qu’est-ce que tu fais là à cette heure-ci de la nuit, petit ?

Sa voix m’a sorti de mon état de transe, et je me suis déplié. J’ai titubé dans la lumière comme un clochard ivre, puis j’ai reculé, choisissant de me replier finalement dans l’ombre.

Le bon père de famille de la fenêtre n’a pas désarmé pour autant :

– N’aie pas peur ! Je veux juste t’aider. Où sont tes parents, hein ?

J’ai secoué la tête, muet comme la tombe. Qu’est-ce que j’aurais pu répondre de toute façon ? J’ai tourné les talons, j’ai ordonné à mes guiboles flageolantes de courir et j’ai pu remonter tant bien que mal la ruelle obscure qui menait chez la tante Maude.

Quand je repense à tout cela, je peux dire que j’ai eu cette nuit-là une frousse comme vous n’en aurez sans doute jamais. Je veux bien entrer dans les détails, parce que c’est vous, mais je préfère vous prévenir : mon histoire n’est pas faite pour les demi-portions ou ceux qui dorment encore avec leur nounours. Certains passages vont sacrément vous secouer. Réfléchissez bien avant de continuer à lire…

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