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Les chuchotements se sont tus subitement – pour une raison ou pour une autre – et après quelques secondes, je me suis décidé à rouvrir les yeux. Tout avait l’air parfaitement anodin. Le seul spectacle qui s’offrait à ma vue, c’était les pierres tombales qui luisaient dans la clarté de la lune et, adossé contre l’une d’elles, mon bonhomme qui contemplait d’un air mélancolique son mégot de cigarette. Je me suis levé en titubant et je l’ai rejoint, le souffle court. Je devais j’en suis sûr afficher une mine livide – digne du premier prix à un concours de maquillage d’Halloween –, mais il n’a fait aucun commentaire.

– Alors fiston, il m’a dit simplement, qu’en dis-tu ?

Je n’ai pas pris la peine de lui répondre, trop occupé que j’étais à mettre de l’ordre dans mes idées. D’accord, le gars m’avait fichu une sacrée trouille. Mais à quoi est-ce que j’avais eu affaire exactement ? Une hallucination auditive ? Ridicule. Un numéro de ventriloquie ? Impossible. Une mise en scène du type caméra cachée ? Ah ! Ah ! Et puis quoi encore ? Il restait bien sûr une dernière hypothèse, mais je me refusais à l’envisager sérieusement…

Le fossoyeur se tenait planté devant moi, attendant patiemment que j’aie fini de gamberger et que je veuille bien articuler quelque chose, et au bout d’un petit moment, c’est ce que j’ai réussi à faire :

– Mais bon sang, qu’est-ce que c’était que ça ?

J’ai planté mon regard dans le sien, m’attendant à ce qu’il éclate de rire, mais il n’a même pas cillé. J’ai hoché la tête, de l’air de celui qui vient de comprendre, alors qu’en fait, je ne comprenais rien du tout, et j’ai pris le temps d’applaudir lentement, avec la gravité que les circonstances imposaient :

– Bravo, vous m’avez bien eu avec votre petite mise en scène. Maintenant, si vous n’y voyez pas trop d’inconvénient…

J’étais troublé, troublé et vexé d’être si bien tombé dans le piège tendu par ce drôle de type. Jusque-là, c’était toujours moi qui avais tiré les ficelles lors d’Halloween. C’était humiliant, vraiment. J’ai tourné les talons, prêt à opérer une retraite aussi digne que j’en étais capable.

– Attends fiston, ce n’est pas fini, a dit tranquillement le fossoyeur.

Je l’ai regardé en coin et je me suis immobilisé, ne sachant trop à quoi m’attendre. Le gars n’allait pas me refaire le coup des chuchotements quand même ?

J’ai senti derrière moi une main glacée se poser sur mon épaule, et j’ai virevolté en poussant un nouveau cri : un nuage blanchâtre a flotté quelques instants devant mes yeux avant de se dissiper dans la nuit.

– Tu l’as effrayé, fiston, a commenté le fossoyeur.

Moi J’avais fait quoi ??? Hé ! Il n’y avait pas une légère confusion des rôles, là ? Et puis, si tel était vraiment le cas, j’avais effrayé qui ou quoi, exactement ?

– Ne bouge pas, laisse-le revenir.

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Tous droits réservés
(C) 2015-16 Jérémie Cassiopée

Illustration: Marzena Pereida Piwowar

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